Construire une maison en bois : bonne idée ?

Construire une maison en bois, ce n’est pas juste une mode : c’est un choix durable, accessible et malin. Entre confort, rapidité de chantier et performance énergétique, ce type de construction attire de plus en plus de particuliers.

Retour en arrière : une histoire de matériaux

Depuis des siècles, le bois a été l’un des matériaux de prédilection dans la construction. Alors, pourquoi le béton s’est-il imposé dans les bâtiments modernes en France ? Remontons le temps pour comprendre cette évolution.

Les origines du béton, tel qu’on le connaît (mélange de ciment et de granulat), remontent à l’époque romaine. La coupole du Panthéon à Rome, par exemple, est toujours la plus grande coupole en béton non armé au monde, témoignant de la durabilité de ce matériau. Après l’Empire romain, la construction en bois et en terre est revenue au premier plan, avec des structures emblématiques comme les maisons à colombages. Dans des villes comme Strasbourg, ces maisons témoignent encore aujourd’hui du savoir-faire médiéval. Cette technique employait des poutres de bois entrecroisées, remplies de torchis ou de briques.

Le bois et la pierre étaient des matériaux locaux, disponibles et peu coûteux. En Bretagne, par exemple, le granit, considéré aujourd’hui comme un déchet agricole, a été largement utilisé dans la construction de maisons individuelles. Ce choix de matériaux locaux répondait aux contraintes économiques et logistiques de l’époque.

L’essor du béton : rapide, robuste et accessible

Au XIXe siècle, avec l’industrialisation du ciment, le béton s’impose pour sa rapidité et simplicité, particulièrement dans les grands projets. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est largement utilisé en France pour des ouvrages comme la ligne Maginot et le mur de l’Atlantique. Après la guerre, les entreprises de béton armé, devenues très puissantes, se tournent vers la construction de logements de masse.

Des architectes comme Le Corbusier modernisent l’image du béton avec des bâtiments iconiques, comme la Cité Radieuse de Rezé. Aujourd’hui, cependant, un intérêt croissant pour les matériaux durables remet le bois en avant.

Construire une maison en bois : une solution durable et responsable

Bien que le béton ait des qualités indéniables, il présente aussi plusieurs limites. D’abord, le ciment et le sable, principaux composants du béton, sont des ressources non renouvelables. L’extraction de ces matériaux devient de plus en plus coûteuse à mesure que les ressources s’amenuisent. De plus, la production de ciment est énergivore et polluante, nécessitant des fours à très haute température. Ces fours sont souvent alimentés par des combustibles peu écologiques, comme les pneus usagés, contribuant aux 7 % d’émissions mondiales de CO₂ dues à l’industrie du ciment.

La France vise la neutralité carbone d’ici 2050. Cette transition imposera à l’industrie du ciment de se décarboner, ce qui pourrait augmenter les coûts de production. Construire une maison en bois, c’est miser sur une ressource renouvelable — à condition qu’elle soit bien gérée. Sa production, son extraction et son transport génèrent beaucoup moins de CO₂ que d’autres matériaux. En outre, le bois répond aux exigences de la RE2020, la dernière réglementation environnementale en matière de construction en France.

Les avantages du bois face aux défis environnementaux

Le bois présente également des avantages techniques. Bien qu’il soit moins résistant à la compression que le béton, il offre une flexibilité intéressante, notamment en cas de séisme. C’est d’ailleurs pour cela que le bois est largement employé dans la construction de maisons au Japon, pays sujet aux tremblements de terre. Ce matériau souple et léger absorbe les chocs mieux que les structures rigides comme le béton.

Néanmoins, pour les immeubles de grande hauteur, le bois montre ses limites en matière de reprise de charges. C’est pourquoi les constructions bois utilisent souvent des fondations en béton (plots, dalles, vide sanitaire en parpaing). Cette combinaison permet de profiter des atouts de chaque matériau.

Construire une maison en bois : vers une architecture plus durable, même en collectif

Construire une maison en bois séduit de plus en plus, notamment grâce à l’ossature bois, désormais largement utilisée dans les maisons individuelles — mais qui gagne aussi du terrain dans le logement collectif et tertiaire. Les grandes barres d’immeubles des années 60, majoritairement en béton, perdent en popularité. On voit aujourd’hui une tendance vers des ensembles résidentiels plus petits et plus humains, avec des bâtiments de 3 à 5 étages. Cette évolution ouvre la voie à une utilisation accrue du bois dans le collectif, un secteur où il était auparavant quasi absent.

Ce changement a un effet indirect : plus les constructions en bois se multiplient, plus la demande augmente, encourageant la concurrence entre fournisseurs. À terme, cela pourrait diminuer le coût des matériaux pour tous les types de construction.

Bois ou béton : choisir le bon matériau

Il est facile de pointer les défauts du béton pour mieux défendre le bois. Dans le cadre judiciaire, cela pourrait s’apparenter au syndrome du coupable désigné. Mais comme dans toute analyse équilibrée, il est essentiel d’examiner les qualités et les défauts de chaque matériau. Le bois, flexible et isolant, et le béton, rigide et résistant, répondent à des besoins différents. La RE2020, qui met l’accent sur le bilan carbone, favorise le bois dans les projets à faible impact environnemental mais le béton conserve un rôle clé là où sa solidité est essentielle.

Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Conclusion : construire une maison en bois, un choix d’avenir

Les pouvoirs publics orientent les constructeurs vers des choix plus durables et respectueux de l’environnement. Et dans ce contexte, le bois se démarque. Il offre une alternative intéressante au béton, surtout pour les projets d’autoconstruction et pour ceux qui veulent réduire leur impact carbone. Plus qu’un simple matériau, le bois incarne aujourd’hui un retour à des pratiques de construction traditionnelles, combinées aux exigences modernes de durabilité.